Quand une discussion anodine devient une grande prise de conscience
Je me souviens très bien de cette soirée d’avril. Les valises n’étaient encore que des idées griffonnées dans mon carnet, à côté d’un calendrier où j’avais entouré, le cœur tambourinant, la date de départ de notre tour du monde en famille. Une amie, venue boire un thé, m’avait demandée – presque en passant – si nous avions pensé à l’assurance emprunteur pour notre crédit immobilier… en cas d’accident du travail à l’étranger.
Et là, blanc. Ce blanc typique des sujets auxquels on n’a pas pensé parce qu’on est déjà absorbé par les vaccins, les visas, l’école à distance, et tous les petits détails logistiques d’une aventure au long cours.
Pourquoi l’assurance emprunteur nous concerne tous (même les baroudeurs)
Nous avons acheté notre maison il y a six ans. À l’époque, comme beaucoup de jeunes actifs, on avait coché les options proposées par la banque sans trop se poser de questions. L’assurance emprunteur ? Oui, oui, bien sûr, obligatoire. Jusqu’ici, tout allait bien. Mais l’idée qu’un accident du travail à l’autre bout du monde puisse mettre en péril notre logement nous a brutalement ramenés à la réalité.
C’est un peu comme faire son sac à dos et oublier qu’il y a un double fond. L’assurance emprunteur est ce double fond invisible : discret, mais potentiellement vital. Surtout si l’un des emprunteurs – en l’occurrence mon compagnon – se retrouvait dans l’incapacité de travailler temporairement ou définitivement.
Petite mise au point : c’est quoi exactement l’assurance emprunteur ?
Pour celles et ceux qui ne seraient pas familiers avec le terme, l’assurance emprunteur est une couverture souscrite pour garantir le remboursement d’un prêt immobilier si l’emprunteur se retrouve dans une des situations suivantes :
- Décès
- Perte totale et irréversible d’autonomie (PTIA)
- Invalidité permanente ou temporaire
- Incapacité temporaire de travail (ITT)
Ces garanties permettent d’éviter au co-emprunteur ou à la famille de devoir assumer la part du prêt en cas de coup dur.
Mais voilà, toutes les assurances emprunteur ne se valent pas. Et surtout, toutes les situations professionnelles ne sont pas couvertes de la même façon… Ce que nous allions découvrir rapidement.
La grande interrogation : qu’est-ce qui est couvert si l’accident se produit à l’étranger ?
C’est LA question qui a accroché notre attention. Nous allions passer près d’un an hors de France. Mon compagnon, charpentier indépendant, comptait continuer à faire quelques missions à distance pendant le voyage. En imaginant un scénario peu réjouissant – une mauvaise chute pendant un trek ou une infection tropicale – on s’est dit : et si cela impactait sa capacité à travailler ? Est-ce que notre assurance actuelle couvrirait encore les mensualités du prêt ?
Nous avons d’abord relu (en tremblotant un peu) les 32 pages bien compactes de notre contrat d’assurance emprunteur. Et là, stupeur : la plupart des garanties s’appliquaient… uniquement en cas d’accident en France ou dans l’Union européenne. Certaines compagnies excluent même totalement les risques survenus en dehors de ces zones géographiques.
Il nous fallait donc chercher une assurance adaptée à notre nouveau style de vie : celui de nomades temporairement expatriés.
Vous pouvez (et devriez) changer d’assurance emprunteur
La bonne nouvelle, c’est que depuis la loi Lemoine de 2022, il est désormais possible de changer d’assurance emprunteur à tout moment, sans attendre la date anniversaire. Cela a été un doux soulagement dans le tumulte administratif que représente la préparation d’un tour du monde avec enfants.
Nous nous sommes donc lancés dans la quête d’une assurance plus souple, qui :
- Prenait en compte les expatriations temporaires ou les séjours longue durée à l’étranger
- Couvrait les accidents survenus lors d’activités en dehors d’un cadre professionnel classique (comprendre : hors bureau ou atelier)
- Acceptait les professions dites “à risques” ou “physiques” comme celle de mon compagnon
Et ce que nous avons appris, c’est que tout cela se discute… et se compare.
Comparer, questionner, ajuster : nos astuces pour bien choisir
Voici quelques éléments précieux que nous avons découverts (souvent par essais/erreurs) en parlant avec différents assureurs :
- Vérifiez la territorialité des garanties : certaines compagnies couvrent dans le monde entier, d’autres limitent aux pays développés, et certaines n’incluent pas les zones à risques géopolitiques. Mieux vaut poser la question noir sur blanc.
- Regardez les exclusions : sports extrêmes ? Moto ? Randonnée en haute montagne ? Ce sont souvent des lignes que l’on oublie… avant qu’il ne soit trop tard. Nous avons trouvé une assurance qui accepte certaines pratiques sportives avec un avenant.
- Penchez-vous sur les délais de carence et de franchise : ce sont les périodes pendant lesquelles, même en cas d’accident, vous ne touchez rien. Ces délais peuvent aller de 30 à 180 jours selon les contrats.
- Pensez au questionnaire médical : même à distance, certaines assurances permettent de tout gérer en ligne, avec téléconsultation si nécessaire.
Nous avons finalement contracté une nouvelle assurance qui, pour un coût seulement légèrement supérieur, couvrait l’ensemble de nos besoins spécifiques. Et surtout, elle nous laissait partir l’esprit léger, sans cette boule d’angoisse au creux du ventre…
L’incident qui a validé notre choix (coucou le Pérou)
Il ne nous a pas fallu un an pour tester l’efficacité de notre nouvelle couverture. Trois mois après le départ, au Pérou, mon compagnon s’est retourné le genou en descendant une pente très raide lors d’une randonnée dans la région de Huaraz. Une douleur vive, la marche impossible pendant plusieurs jours, consultations médicales locales, puis arrêt de son activité professionnelle en ligne pour plusieurs semaines.
Heureusement, l’assurance a parfaitement réagi. Nous avions les certificats, la déclaration d’incapacité temporaire de travail (merci le médecin francophone à Cusco), et dès le 61ᵉ jour, nous avons reçu la prise en charge mensuelle convenue. Nous avons pu continuer notre voyage tout en gérant la convalescence, sans stress supplémentaire côté budget.
Et pour les familles ? Petits détails importants à ne pas négliger
Si vous voyagez avec des enfants et que l’un des parents est également assuré via un prêt immobilier, pensez à ceci :
- Si vous êtes co-emprunteur, il est important que chacun ait une assurance couvrant 100% du prêt (et non une répartition type 50/50).
- Privilégiez les compagnies qui ont un service client accessible à l’étranger, voire des partenaires locaux (oui, on a testé leur réactivité depuis une connexion Wi-Fi plus que bancale dans le nord de la Thaïlande !)
- Gardez tous les documents contractuels sous forme numérique dans un cloud sécurisé, accessibles même sans réseau mobile.
Penser à l’assurance emprunteur pendant un projet de voyage donne un peu l’impression de parler d’héritage pendant un anniversaire… Ce n’est pas l’aspect le plus joyeux de la préparation. Mais une fois que c’est fait, c’est une vraie sérénité qui s’installe, comme un filet de sécurité invisible mais solide.
À emporter dans son sac à dos, en plus de la brosse à dents
Notre tour du monde aura été une aventure incroyable, ponctuée d’émerveillements, de doutes, d’accidents de parcours mais surtout de beaucoup d’enseignements pratiques. Et parmi eux, s’assurer que notre maison restait bel et bien notre refuge, peu importe ce que la vie nous réservait, a été l’un des plus précieux.
Alors si vous aussi vous caressez le rêve de partir loin, en famille, avec ou sans enfants, pour un mois ou une année… un petit détour par vos papiers d’assurance pourrait bien être le premier pas de votre voyage. Et, entre nous, ce n’est pas beaucoup plus douloureux qu’un vaccin – promis.