La Namibie fait partie de ces pays qui donnent envie de faire ses valises sur-le-champ : pistes rouges à perte de vue, ciels étoilés irréels, animaux croisés au détour d’un virage… C’est aussi un voyage qui peut impressionner quand on le prépare en famille : est-ce que c’est adapté aux enfants ? Est-ce dangereux ? Quel budget prévoir ? Après notre road trip là-bas avec les enfants, je peux te dire une chose : on en revient transformés, et les enfants aussi.
Pourquoi choisir la Namibie pour un voyage en famille ?
La Namibie, c’est l’Afrique “grandeur nature” mais en version plutôt douce pour une première avec des enfants. Le pays est stable, les routes sont bonnes (même si souvent en piste), la population est accueillante, et il y a une vraie culture du voyage en self-drive, c’est-à-dire avec sa propre voiture.
Pour les enfants, c’est une immense aire de jeu à ciel ouvert :
- Des dunes géantes à escalader à Sossusvlei
- Des animaux sauvages à observer à Etosha
- Des nuits en lodge ou en tente sous un ciel constellé
- Des squelettes de bateaux rongés par le temps sur la Skeleton Coast
Je me souviens encore de la tête de notre plus jeune, planté devant la première dune : “On peut VRAIMENT monter là-dessus ?” Oui, on peut. Et on redescend en courant, en riant, les chaussures remplies de sable rouge. C’est ce genre de moments qui restent longtemps.
Quand partir et à partir de quel âge ?
La meilleure période pour un voyage en Namibie en famille s’étend globalement de mai à octobre : c’est la saison sèche, les températures sont plus supportables, surtout dans le désert, et les animaux sont plus faciles à observer près des points d’eau.
Avec des enfants, c’est important de tenir compte de :
- La chaleur : en décembre-janvier, les températures peuvent grimper très haut, ce qui est éprouvant pour les petits.
- Les distances : on passe plusieurs heures en voiture entre deux étapes, il faut que les enfants soient un minimum habitués aux trajets.
À mon sens, l’idéal est à partir de 6-7 ans, mais des familles partent avec des plus jeunes sans problème, à condition d’adapter le rythme, de prévoir des pauses fréquentes et quelques journées “light” sans trop de route.
Itinéraire type pour un road trip de 2 à 3 semaines
Voici un exemple d’itinéraire adapté à une famille, basé sur ce que nous avons fait (avec quelques ajustements que j’aurais bien aimés connaître avant de partir).
Étape 1 : Windhoek – prendre ses marques
Arrivée à Windhoek, récupération du 4×4 (souvent avec tente sur le toit si tu choisis l’option camping), courses au supermarché, dernière pizza “civilisée” avant la grande aventure. On a choisi de rester une nuit pour se remettre du voyage et vérifier tout le matériel : frigo, gaz, tente, roue de secours… Les enfants, eux, ont surtout testé les lits en sautant dessus.
Étape 2 : Le désert du Namib – Sossusvlei & Sesriem
C’est souvent le premier “waouh” du voyage. Route vers Sesriem, avec au fur et à mesure, le paysage qui se dénude, les montagnes qui deviennent dunes. Là, je conseille :
- Deux ou trois nuits pour vraiment en profiter
- Un réveil tôt pour grimper sur la dune 45 ou Big Daddy avant la grosse chaleur
- Une balade dans Deadvlei avec ses arbres noirs figés, qui ressemble à un décor de film
Les enfants adorent l’aspect très concret du désert : on touche le sable, on laisse ses empreintes, on dévale les pentes en courant. Pense à prendre un foulard ou un buff pour protéger le visage du vent et du sable.
Étape 3 : Swakopmund – pause fraîcheur sur la côte
Changement d’ambiance, on rejoint la côte atlantique et sa brume fraîche. Swakopmund est parfaite avec des enfants :
- Promenade sur la plage et sur la jetée
- Sortie en kayak pour voir les otaries (un moment fort de notre voyage)
- Sandboard ou simple glissade sur les dunes près de la ville
On y a trouvé un équilibre agréable entre activités “nature” et confort : bons restaurants, pâtisseries, logements avec vraie douche chaude et machine à laver. Les petits bonheurs qui font du bien au milieu d’un road trip.
Étape 4 : Skeleton Coast et Damaraland – paysages lunaires
En remontant vers le nord, la Skeleton Coast donne une sensation étrange, presque irréelle, avec ses épaves, sa brume qui vient de l’océan et ses panneaux “Attention, brouillard”. C’est une étape surtout pour l’ambiance, plus que pour des activités enfant-spécifiques, mais elle fascine souvent les plus grands.
Le Damaraland, lui, a été l’un de mes coups de cœur : rochers ocres, collines sculptées, peintures rupestres, éléphants du désert parfois visibles. On a passé une soirée mémorable autour du feu de camp, avec les enfants qui essayaient d’apprendre quelques mots à un guide local, tous morts de rire devant la prononciation approximative.
Étape 5 : Etosha – le grand parc animalier
Pour les enfants, c’est souvent LE moment qu’ils attendent le plus : les animaux. Etosha se prête particulièrement bien à un self-drive :
- Réseau de pistes praticables avec un 4×4
- Points d’eau aménagés, parfois visibles directement depuis le lodge ou le camping
- Bonne probabilité de voir zèbres, girafes, éléphants, gnous, lions…
Je te conseille au moins trois nuits, dans deux camps différents si possible, pour varier les zones. On partait souvent tôt le matin pour un “game drive” de 2-3 heures puis retour à la piscine ou à l’ombre l’après-midi. La règle d’or avec des enfants : ne pas vouloir tout voir en une journée.
Étape 6 : Retour vers Windhoek – dernière nuit et souvenirs
Sur la route du retour, une nuit dans une ferme ou un lodge dans la brousse peut être une belle transition : animaux de ferme, balade à pied, ambiance plus calme. Les enfants avaient déjà nostalgie du voyage alors qu’on n’était même pas encore rentrés.
Budget pour un voyage en Namibie en famille
La Namibie n’est pas une destination “pas chère”, surtout pour une famille, mais on peut ajuster le budget selon le confort recherché. Voici quelques repères (pour 2 adultes + 2 enfants, hors billets d’avion, sur environ 15 jours).
Location de véhicule
- 4×4 avec tentes sur le toit : environ 80 à 130 € par jour selon la saison et l’équipement
- Assurance, rachat de franchise et équipements (frigo, matériel de camping) souvent en supplément
Sur ce point, j’avoue qu’on a choisi la sécurité : un bon 4×4, bien entretenu, c’est ce qui te ramène en un seul morceau à la maison. Et on a été bien contents de la garde au sol sur certaines pistes.
Hébergement
- Camping : 10 à 20 € par personne et par nuit, parfois un peu plus dans les parcs
- Lodges / guesthouses : 70 à 200 € la nuit pour une chambre familiale ou deux chambres, selon le standing et la localisation
Une option intéressante : alterner les deux. Une ou deux nuits de camping, puis un lodge plus confortable pour recharger les batteries. Les enfants vivaient le camping comme une aventure, mais je sentais bien que la douche chaude sans minuterie leur faisait aussi très plaisir.
Nourriture
- Courses en supermarché pour pique-niques et repas simples : 10 à 20 € par jour pour quatre, selon ce qu’on achète
- Restaurants / lodge : 8 à 15 € le plat adulte, moins pour les enfants
On a beaucoup cuisiné nous-mêmes, avec quelques soirées “restaurant” qui devenaient de petits événements en famille. Découvrir qu’on peut faire des pâtes décentes au milieu du désert reste un grand moment de fierté parentale.
Activités et parcs
- Entrée Etosha : tarif par personne + par véhicule, prévoir environ 40 à 60 € par jour pour la famille
- Sorties kayak, sandboard, visites guidées : 20 à 50 € par personne selon l’activité
Au total, en incluant location de voiture, hébergements, nourriture et activités, un budget réaliste tourne souvent autour de 3 000 à 4 500 € pour 15 jours sur place pour une famille de quatre, hors vols. C’est un investissement, mais l’intensité des souvenirs est à la hauteur.
Conseils pratiques pour un road trip serein avec des enfants
Adapter les temps de route
La Namibie, c’est grand. Très grand. On a choisi de limiter les journées à 4 heures de route maximum, avec une vraie pause déjeuner et parfois une petite balade pour se dégourdir les jambes. Prends de quoi occuper les enfants : carnets de dessin, jeux oraux, musique, histoires audio téléchargées à l’avance (il n’y a souvent pas de réseau).
Prévoir une trousse de secours solide
- Médicaments de base (fièvre, maux de ventre, allergies)
- Antiseptiques, pansements, désinfectant pour les mains
- Crème solaire haute protection, stick pour les lèvres, chapeaux
- Spray anti-moustiques adapté aux enfants
On ne s’en est servi que pour des petits bobos, heureusement, mais j’étais rassurée de l’avoir à portée de main.
Gérer l’eau et le soleil
C’est un point crucial. On avait toujours au moins 5 litres d’eau dans la voiture, parfois plus pour les longues journées. On demandait régulièrement aux enfants de boire, même s’ils ne réclamaient pas. Tee-shirts à manches, chapeaux, lunettes de soleil : le trio gagnant. Les crèmes solaires se vidaient à vue d’œil, mais mieux vaut ça qu’un coup de soleil qui gâche deux jours.
Sensibiliser aux animaux sauvages
Avant le voyage, on a beaucoup discuté des règles de sécurité : ne jamais sortir de la voiture dans un parc sans autorisation, ne pas nourrir les animaux, rester calme en leur présence. Une fois, un éléphant a traversé la piste juste devant nous. Silence total dans la voiture. Les enfants retenaient leur souffle. Puis, quand il s’est éloigné, explosion de chuchotements enthousiastes. C’est aussi ça, apprendre le respect de la nature.
Garder de la souplesse
En famille, tout ne se passera pas exactement comme prévu : un enfant fatigué, une journée de vent de sable, une petite panne. Avoir quelques étapes modulables, accepter d’écourter une sortie ou de sauter une activité, c’est ce qui permet de rester sereins. Et, souvent, les meilleurs souvenirs naissent des imprévus.
Anecdotes de route : ces petits moments qui font tout
Le jour où nous avons “perdu” le silence
Sur une longue ligne droite entre Sesriem et Swakopmund, le paysage semblait immobile. On roulait depuis déjà deux heures. D’un coup, notre fils a demandé : “On peut éteindre la radio et écouter la Namibie ?” Alors on a éteint. Le silence a rempli la voiture. Pas un bruit, à part le ronronnement du moteur et le crissement des pneus sur la piste. Et puis, au bout de quelques minutes, il a dit : “En fait, elle n’est pas silencieuse du tout, la Namibie.” On entendait le vent, de minuscules cailloux qui tapaient, nos respirations. Ce moment-là m’a appris à écouter autrement.
La panne… de frigo
Un soir, en ouvrant le frigo de la voiture : plus rien de frais. Fromage tiède, lait tiédasse, beurre liquide – l’horreur culinaire en plein désert. On a fini par partager notre “repas de secours” : biscuits, cacahuètes, fruits secs et quelques tomates un peu fatiguées. Les enfants étaient ravis de ce “dîner de l’apocalypse” et en parlent encore comme du meilleur repas du voyage. Comme quoi, notre notion de confort est parfois très adulte.
Le ciel comme salle de classe
Une nuit, à Etosha, nous avons éteint toutes les lampes et nous nous sommes allongés par terre, chacun sur sa petite couverture. Au-dessus de nous, la Voie lactée semblait toucher le sol. Mon compagnon montrait les constellations, les enfants essayaient de repérer Orion, la Croix du Sud. “C’est l’école des étoiles”, a murmuré notre fille. Dans ces instants, on se dit que le voyage, c’est aussi une façon d’apprendre différemment.
Un voyage qui reste dans le corps et dans le cœur
La Namibie en famille, ce n’est pas seulement une jolie ligne de plus sur une carte du monde. C’est un pays qui s’insinue doucement dans les conversations du quotidien, longtemps après le retour.
Des mois plus tard, les enfants comparent encore certaines routes françaises à “la piste qui allait vers le désert”, jugent les couchers de soleil à l’aune de ceux de Sossusvlei, demandent si “dans ce pays aussi, il y a des éléphants qui traversent les routes”. On se surprend à dire “Tu te souviens, en Namibie, quand…” au moment le plus banal d’un mercredi après-midi.
Si tu rêves d’un voyage qui mêle grands espaces, aventure douce et découvertes en famille, la Namibie mérite une place de choix dans tes projets. Ce n’est pas le voyage le plus simple à organiser, ni le moins cher, mais c’est de ceux qui laissent une trace profonde, chez les petits comme chez les grands.
Et peut-être qu’un jour, sur une route un peu trop droite, un peu trop longue, tu couperas toi aussi la radio pour “écouter la Namibie”, et tu te rendras compte qu’elle a encore beaucoup de choses à raconter.
